Le Louis XI de Kendall fait-il partie des incontournables de toute culture politique ?

La biographie que l’historien américain Paul Murray Kendall a consacré à Louis XI, sobrement titrée Louis XI, fait partie des lectures proposées par Jean-Luc Mélanchon à ses disciples pour se construire une pensée politique au même titre que l’Histoire de la révolution russe de Trotski ou l’Idéologie allemande de Karl Marx et Friedrich Engels (Jérôme Guedj parle de « lectures obligatoires » dans un article du Monde consacré aux disciples de Mélanchon*).
Mais de quoi cet ouvrage, au demeurant plaisant à lire, tire-t-il ce titre de gloire ?  Ce serait parce qu’il évoquerait « le premier roi qui démine les féodalités et qui était le spécialiste des coups de billard à vingt-trois bandes ».
Soit. Mais comme le fait remarquer Didier le Fur dans la recension qu’il a fait de l’ouvrage pour la revue l’Histoire, le parti pris de l’auteur est évident:  il s'agit de « réhabiliter une figure devenue une caricature de mauvais homme, de prince tyran, précurseur supposé de l'absolutisme. ». Et ce faisant, peut-être que ce qui  a attiré Mélanchon dans le personnage de Louis XI était peut-être largement idéalisé: « cette volonté de faire de Louis XI un prince utile à la construction du roman national est souvent forcée et laisse croire abusivement que ce monarque du XVe siècle avait la même vision de la nation et de l'État que le républicain d'aujourd'hui. »
Si bien qu’in fine, la valeur de l’ouvrage dans le cadre d’une éducation politique n’est peut-être pas plus évident qu’un autre ouvrage d’histoire. Ceci dit et comme évoqué en préambule, le livre se laisse lire avec un certain plaisir, plaisir peu attendu a priori, au vu de l’aridité supposé du sujet (peu flamboyant s’il en est...).


* Générations Mélenchon : la relève a-t-elle sonné ?
**  « Louis XI » de Paul Murray Kendall

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